Histoire

MESSAGES DE KAMEL BADAOUI ET ABDELKRIM MEHENNI

kamel.badaoui

1 nov.2O12

Saha à tous,

Pour Lounès :
Chez nous comme ailleurs, on dit qu’aux morts on doit la paix et aux vivants la vérité !
Je sors à l’instant d’une opération chirurgicale, et cela me ramène 20 ans en arrière quand Lounès s’est démené comme un dilable pour aider Houria à valider le dossier de prise en charge pour une première opération chirurgicale en France, clouant le bec à un cadre hésitant de la sécurité sociale par cette réplique :  » tu autorises des prises en charge pour des circoncisions, et pour Kamel tu hésites ! ‘
Même si on jamais milité dans la même structure du PAGS, j’ai eu à apprécier, au sein du mouvement du Volontariat, du Conseil National de l’UNJA, le camarade droit, ferme, engagé et …. respecté.
Hommage à toi Lounès de la part de Kamel et Houria.
Salutations communistes

Message de Abdelkrim Mehenni

Cher Fateh, comme promis je t’adresse ces quelques mots à l’occasion de l’hommage que vous rendez au camarade Lounés Djaballa.Les circonstances font que j’adresse ma contribution de loin moi qui ai partagé tant de moments de trop prés avec » Lou », c’est ainsi que je l’appelais.
Je suis sûr que vous serez nombreux à évoquer le parcours militant de Lounes.Du volontariat étudiant pour la révolution agraire à l’édification d’un mouvement de jeunesse uni dans une organisation démocratique en Algérie.D’autres certainement témoigneront de la part de Lounes dans la construction du parti de l’avant garde socialiste (PAGS) dans les conditions et les contraintes difficiles de la clandestinité.
A ses côtés et depuis le mois de mai 1975 et pratiquement jusqu’à sa disparition nous fûmes trés proches.D’abord autour des objectifs communs des luttes que nous menions puis sur des bases amicales et fraternelles.
Lounés a été assassiné un mois de novembre, un mois-symbole de toutes les luttes qu’il a mené pour voir fleurir un eternel printemps pour notre pays.
Du premier novembre 1954, il voulait et tendait toute son energie pour aller vers une indépendance réelle de l’Algérie maîtresse de ses ressources naturelles et humaines et assurant le progrés social à tous ses enfants.C’est le sens de son combat pour la récupération des richesses minières et energétiques et la défense d’un secteur public économique…
Du 8 novembre 1971, date de la promulgation de la charte et de l’ordonnance portant révolution agraire, il voulait transformer dans l’action les promesses et les engagements des indépendantistes pour réparer les injustices du systéme colonial spoliateur de terres de la paysannerie algérienne à son seul profit…
Cet engagement infaillible de Lounes n’était pas seulement le produit d’un cheminement intellectuel mais il est aussi lié à un parcours personnel et familial.Enfant d’ouvrier, il dut trés tôt apporter sa contribution au maigre budget familial par des menus petits travaux qui lui rapportaient quelques dourous qu’il remettait à sa mère tout en suivant sa scolarité.Cette enfance partagé avec tous les « aouled », porte à mon sens la marque indélibile de ses convictions et bien qu’il n’en parlera presque jamais il oeuvrera à tenter d’en effacer et les sequelles et les conditions de leur réapparition.
J’ai rarement vu Lou se lamenter sur son sort, parler des ses propres problèmes ou difficultés somme toutes humaines.Il etait toujours tendu vers l’intérêt collectif et on pourrait le résumer par une formule qui serait « moi, c’est les autres! ».Et pourtant, j’ai vécu des moments avec un Lounes triste, rongé de l’intérieur par un sentiment d’impuissance: nous étions alors bidasses à Batna pour accomplir le service national que l’on précipita pour nous en une forme déguisée et brutale d’application de l’article 120 du FLN, aprés une case prison militaire de Blida(ceci est une autre histoire), il venait d’être père de Sadek et il souffrait de cet éloignement, de cette séparation…
Il se refugiait alors dans la lecture de poésies et notamment de Nazim Hikmet.
En attendant de recueillir d’autres témoignages de la période du PAGS clandestin, je peux affirmer que Lou a été d’un apport indéniable dans l’organisation des jeunes et des étudiants communistes par le suivi individuel ou à travers le collectif du parti (cojes) mais aussi dans le travail en direction des artistes,intellectuels et scientifiques (RAIS) et notamment des journalistes en direction desquels le Pags avait mené un long et patient travail d’organisation.
Pour terminer, et depuis ce maudit jour de novembre, je me demande si ces criminels étaient face à Lounés:auraient-ils eu assez de courage pour appuyer sur la gachette? Auraient-ils pu supporter le regard franc et perçant de cet homme libre et fier, cet amazigh?
Enfin, une dernière question: pourquoi donc Lounes n’a pas quitté ces lieux devenus malsains et dangereux? Mais j’ai trouvé la réponse dans la vie de Lounes: il n’avait pas peur de ces lâches et il continuait à clarifierà ses voisins les enjeux de la situation inlassablement…
Lounes, on t’oublie pas!
A tout à l’heure
Abdelkrim Mehenni-Kerroum

Les commentaires sont clos.