Environnement

Science:INNOVATIONS RADICALES SANTE GENETIQUE AGRICULTURE

Peut-on prévoir des innovations radicales avec les publications et les brevets?

Peut-on anticiper des innovations majeures ? C’est à cet exercice difficile que s’est livrée le groupe de médias Thomson Reuters, en croisant sa base bibliographique Web of Knowledge (qui permet d’identifier les sujets « chauds » grâce à des indicateurs de citations) avec des données sur les brevets. Celle-ci prévoit 10 innovations en 2025 basées, pour la plupart, sur les résultats de travaux de R&D. Quatre d’entre elles concernent la santé :
1) l’identification des mutations de gènes qui seraient des facteurs à risque pour les maladies neurodégénératives, facilitant ainsi des traitements préventifs ;
2) un diagnostic génétique du diabète de type I permettant de le prévenir ;
3) des traitements pharmaceutiques des cancers sans effets secondaires (résultat de la pharmacogénétique) ;
4) l’analyse de l’ADN de tout individu à sa naissance afin de détecter des facteurs de risques de maladies.

Deux innovations majeures concernent l’énergie :
5) l’énergie solaire deviendrait la première source d’énergie primaire grâce notamment aux progrès des cellules photovoltaïques et de la photocatalyse;
6) le « décollage » de l’aviation solaire avec des avions électriques dotés de batteries légères lithium-ion.

7) L’invasion du numérique permettra de connecter tous les objets par voie numérique et dans les communications.

8) Selon les auteurs, les premiers tests de téléportation, qui pourraient être réalisés en 2025 (la téléportation permet de transmettre de l’information à distance sans support matériel) constitueraient une innovation « radicale ».

Enfin, deux types d’innovations marqueraient le domaine de la consommation.
9) Le remplacement total des emballages en matière plastique par des matériaux dérivés de la nano-cellulose serait la première.

10) Les progrès en génétique, en spectroscopie et ceux des diodes émettrices de lumière permettraient de pallier le manque de nourriture et d’éviter les fluctuations des cours mondiaux des matières premières agricoles. En détectant les rayonnements émis par les végétaux, il serait possible de suivre leur croissance et d’identifier d’éventuelles maladies. Une agriculture en serres en présence de lumière artificielle deviendrait possible.

Cet exercice de prospective, fondé sur des données quantitatives, est incontestablement novateur. Il identifie des domaines « chauds » qui devraient déboucher sur des innovations importantes. Toutefois, est-il réaliste de « prévoir » à l’horizon 2025, relativement proche, que l’énergie solaire serait la première filière mondiale d’énergie primaire en 2025 alors qu’en 2012 sa part n’en représentait pas 1 % ? On peut en douter. De même, les experts de Thomson Reuters sont-ils très optimistes sur les possibilités d’application du génie génétique à la santé, en particulier pour la détection systématique des facteurs de risque de maladies. Une analyse complète d’ADN à la naissance soulèverait par ailleurs de considérables questions d’éthique. Enfin, on peut estimer que les prévisions concernant l’agriculture et l’agroalimentaire sont à la fois plausibles et téméraires. Un suivi à distance de l’évolution des récoltes par des moyens optiques est vraisemblable. La prévision de l’émergence d’une agriculture quasi industrielle, utilisant de la lumière artificielle va certes devenir une réalité si l’en croit Toshiba qui a annoncé qu’il allait produire au Japon des salades et des épinards dans une « usine bio », mais il est probablement optimiste d’affirmer que des innovations régleront en 2025 les problèmes de l’alimentation mondiale et élimineront les fluctuations des cours des matières premières agricoles.

Par : PAPON Pierre

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