Économie

Secteur agricole : Plaidoyer pour une refonte de la loi de 2008

Secteur agricole : Plaidoyer pour une refonte de la loi de 2008


Le mode de gouvernance du secteur agricole doit être revu, selon le
Forum des chefs d’entreprise (FCE) qui préconise «une évaluation de
l’application de la loi de 2008 portant orientation agricole en vue de
son éventuelle révision».

Le FCE qui présentait hier, lors d’un séminaire à Alger, «une étude
sur la sécurité alimentaire», élaborée par le professeur Omar
Bessaoud, a par ailleurs estimé, par la voix de son vice-président
Brahim Benabdeslem, qu’il faut plus de «rigueur financière» dans la
gestion du secteur agricole, notamment en ce qui concerne «le système
de subventions» afin de mieux cibler les priorités et «mettre fin au
gaspillage» et autres détournements. Pour le FCE, le rôle primordial
de l’Etat est à saluer pour les efforts entrepris depuis des années.
Il soutient cependant qu’il faut un réajustement en vue d’une
meilleure «maîtrise des dépenses».

C’est également le point de vue du professeur Bessaoud qui estime que
«l’Etat doit continuer à investir et à soutenir le secteur agricole
qui ne peut se développer sans son aide, comme c’est le cas y compris
dans les grandes puissances européennes». M. Bessaoud souligne que ces
aides doivent cependant se faire de manière rationnelle. «On a créé
des fonds, mais on n’a pas prévu une politique de suivi de leur
gestion, ce qui a donné lieu à des détournements et à des
gaspillages», affirme notre interlocuteur. Pour ce dernier, beaucoup
de budgets dégagés «n’ont pas été affectés réellement à
l’agriculture».

Le professeur Bessaoud insiste par ailleurs sur une nécessaire refonte
de l’administration, estimant que «la gouvernance doit changer, afin
de permettre aux élites et aux milliers d’ingénieurs formés chaque
année de participer à l’effort de recherche et de prise en charge des
préoccupations du secteur agricole et de la paysannerie». Il ajoute
qu’une facture alimentaire de 10 milliards de dollars doit amener le
gouvernement à orienter ses efforts «vers des produits agricoles
stratégiques, en intensifiant les cultures afin de réduire la
dépendance vis-à-vis des exportations». Il cite notamment le blé dur,
qui a toujours été le socle du modèle de consommation ancestral des
Algériens, la filière lait ou encore celle de la pomme de terre — qui
recèle des gisements de productivité importants —, pour créer la base
d’une sécurité alimentaire propre à notre pays et qui pourrait le
prémunir en cas de crise et de tensions à l’échelle mondiale. Pour le
professeur Bessaoud, «il faut considérer la question de la sécurité
alimentaire d’un point de vue géopolitique».

Une «menace politique bien réelle» qui pose à l’avenir, selon l’étude
du FCE, l’impératif de rééquilibrer le rapport entre offre nationale
et recours aux marchés mondiaux au regard des bouleversements qui
caractérisent le monde depuis quelques années. Pour le FCE, il est
impératif de rendre la facture alimentaire soutenable et compatible
avec les moyens financiers de l’Etat. Un objectif qui passe, selon
l’organisation de Ali Haddad, par l’amélioration de la productivité de
l’agriculture, seul moyen de lever le verrou du handicap naturel qui
caractérise le secteur agricole.

Zhor Hadjam

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