Société

Stéphane Hessel, l’auteur de « Indignez-vous » est mort

Stéphane Hessel, l’auteur de « Indignez-vous » est mort dans la nuit de mardi à mercredi, a-t-on appris auprès de son épouse Christiane Hessel-Chabry.
L’écrivain, résistant, diplomate, ambassadeur et militant politique français avait 95 ans. AAEK.

Stéphane Hessel, l’auteur de « Indignez-vous » est mort dans la nuit de mardi à mercredi, a-t-on appris auprès de son épouse Christiane Hessel-Chabry.
L’écrivain, résistant, diplomate, ambassadeur et militant politique français avait 95 ans.

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Stéphane Frédéric Hessel, né le 20 octobre 1917 à Berlin et mort le 27 février 2013, fut un diplomate, ambassadeur, résistant, écrivain et militant politique français.
Né allemand, Stéphane Hessel arrive en France à l’âge de 8 ans. Naturalisé français en 1937, normalien, il rejoint les forces françaises libres en 1941 à Londres. Résistant, il est arrêté et déporté à Buchenwald puis à Dora et ne doit la vie qu’à une substitution d’identité avec un prisonnier mort du typhus et à son évasion.
Il entre au Quai d’Orsay en 1945 et fait une partie de sa carrière diplomatique auprès des Nations unies (dont le siège est à l’époque installé en France, à Paris au Palais de Chaillot) où il assiste comme témoin privilégié à la constitution de la charte des droits de l’homme et du citoyen. Homme de gauche et européen convaincu, il est ami de Pierre Mendès France et Michel Rocard.
Stéphane Hessel est connu du grand public pour ses prises de position concernant les droits de l’homme, le problème des « sans-papiers » et le conflit israélo-palestinien ainsi que pour son manifeste Indignez-vous ! paru en 2010, au succès international.
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Prises de position sur le conflit israélo-palestinien
En août 2006, Stéphane Hessel signe un appel contre les frappes israéliennes au Liban, paru dans Libération et L’Humanité.
Le 5 janvier 2009, Stéphane Hessel déclare à propos de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza : « En réalité, le mot qui s’applique – qui devrait s’appliquer – est celui de crime de guerre et même de crime contre l’humanité. Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu’on est à Genève, le lieu où siège un haut commissaire pour les droits de l’homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante. Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît comme un véritable crime contre l’humanité. »
Le 4 mars 2009, Stéphane Hessel est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine. Il préside la conférence de presse organisée à l’occasion de son lancement. En novembre, il apporte son soutien à Salah Hamouri, un Franco-Palestinien emprisonné en Israël reconnu coupable, par la justice israélienne, d’appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et de complot d’assassinat.
Le 30 décembre 2009, Stéphane Hessel cite Israël dans une liste d’États « tyranniques », parmi la Chine, la Russie et l’Iran, avec lesquels le commerce ne doit pas primer sur les droits de l’Homme. Le 15 juin 2010, il appelle à participer au mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël, soulevant l’indignation du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme qui porte plainte pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence ». En octobre 2010, Pierre-André Taguieff, paraphrasant Voltaire, écrit sur son mur Facebook : « Un soir au fond du Sahel, un serpent piqua le vieil Hessel, que croyez-vous qu’il arriva, ce fut le serpent qui creva », puis supprime le commentaire quelques heures plus tard. Le ton des propos tenus par Taguieff entraîne une polémique publique, au cours de laquelle le politologue développe ses reproches envers Hessel et contre les positions de ce dernier à l’égard d’Israël, qu’il juge « extrémistes ».
Début janvier 2011, naît une polémique à propos de l’annulation d’une rencontre organisée à l’ENS avec Stéphane Hessel. Le CRIF demande, en janvier 2011, au ministre des universités, Valérie Pécresse, et au rectorat de Paris, d’empêcher la tenue à l’École normale supérieure, d’un colloque-débat auquel devait participer Stéphane Hessel mais aussi Leïla Shahid, Haneen Zoabi (députée arabe au parlement israélien), Michel Warschawski, Élisabeth Guigou, Gisèle Halimi et Benoist Hurel (secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature), ce parce que son objet serait de promouvoir un boycott anti-israélien. Monique Canto-Sperber, directrice de l’ENS, annule ce débat le 12 janvier 2011, provoquant une polémique. Mediapart, en première ligne, dénonce les pressions revendiquées du CRIF et l’attitude de la direction de l’ENS : plusieurs personnalités, dont Alain Badiou, Jacques Rancière et Esther Benbassa dénoncent un acte de censure et une atteinte à la liberté d’expression. Pour sa part, niant toute influence extérieure dans sa décision, Monique Canto-Sperber a expliqué avoir annulé l’événement dans la mesure où, d’après elle, au lieu d’une simple rencontre entre Stéphane Hessel, quelques normaliens et les élèves de l’école, il se préparait un meeting ouvert à un large public extérieur autour d’une association pro-palestinienne appelant au boycott des professeurs israéliens. Un rassemblement « pour soutenir la liberté d’expression », auquel a participé Stéphane Hessel, a eu lieu place du Panthéon. Au mois de mars 2011 des universitaires américains, canadiens et britanniques signent une pétition contre l’interdiction de la conférence de Stéphane Hessel.
Œuvres de Stéphane Hessel
. Le Tourbillon de la vie, la véritable histoire de Jules et Jim en collaboration avec Manfred Flügge et Ulrich Hessel, Paris, Albin Michel, 1994, (ISBN 978-2-226074-75-1)
. Danse avec le siècle (autobiographie), Paris, Le Seuil, 1997.
. Dix pas dans le nouveau siècle, Paris, Le Seuil, 2002.
. Ô ma mémoire : la poésie, ma nécessité (88 poèmes commentés), Paris, Le Seuil, 2006 ; rééd. 2010.
. Citoyen sans frontières, conversations avec Jean-Michel Helvig, Paris, Fayard, 2008.
Préface de Stéphane Hessel à l’ouvrage de Robin Walter KZ Dora, volume 1, éditions Des ronds dans l’O, 2010 ; évoque la résistance déportée à Buchenwald et à Dora.
. Indignez-vous !, Montpellier, Indigène éditions, collection « Ceux qui marchent contre le vent », 2010 (ISBN 978-2-911939-76-1).
. Engagez-vous !, entretiens avec Gilles Vanderpooten, éditions de l’Aube, série « Conversation pour l’avenir », 2011.
. Le Chemin de l’espérance, en collaboration avec Edgar Morin, Paris, Fayard, 2011.
. Résistances, avec Aung San Suu Kyi, Don quichotte, 2011, (ISBN 2359490427)
. Vivez !, entretiens avec Édouard de Hennezel et Patrice van Eersel, éditions Carnets Nord, 2012.
. EXIGEZ ! Un désarmement nucléaire total, avec Albert Jacquard et l’Observatoire des armements, Stock, 2012.
. Tous comptes faits… ou presque, Paris, Libella, 2012, (ISBN 9782266228527)

A. AEK.

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