Contributions

Sur l’importance de la question de la chute de l’URSS pour les communistes.

Questions en vrac sur la chute de l’URSS!
Ces notes ont été inspirées suite à la discussion avec Roger KEERAN (historien co auteur avec Thomas KENNY économiste) du livre intitulé « Le socialisme trahi » aux éditions DELGA.
Les deux auteurs vivent aux Etats-Unis. Kamel Badaoui.


Importance de la question de la chute de l’URSS
C’est l’une des plus importantes questions pour les communistes.

Kamel BADAOUI
Le 13 octobre 2013

Depuis la chute de l’URSS en 1991, les peuples ont été bombardés d’explications, portant toutes le sceau du libéralisme et de la social-démocratie, et même « communistes ».
On peut rappeler brièvement l’argumentaire uniforme et leur but :
la faiblesse intrinsèque du système socialiste,
le socialisme, en abolissant la propriété privée, est contre-nature et ne peut donc qu’échouer,
la chute du socialisme confirme que le capitalisme est bien la civilisation la plus accomplie de l’humanité,
alors, pourquoi lutter pour le socialisme, pourquoi lutter pour quelque chose que les soviétiques ont eux-mêmes expérimenter et laisser tomber ?
tout cela étant vrai, il ne reste plus qu’à espérer améliorer le système capitaliste !

On ne peut accepter cette vision sans la confronter avec les faits, et donc il faut étudier cette question. D’autant, qu’au plan des faits et données économiques, l’économie de l’URSS a montré une vitalité avérée, voire supérieure à celle des pays capitalistes de 1928 aux années 1980, sauf pendant la 2ième guerre mondiale : sur cette période :
la croissance a été plus soutenue que celle des pays capitalistes, sauf pour la Corée du Sud et le Japon,
le plein emploi y était assuré alors que les pays capitalistes affichaient cycliquement des crises,
santé, éducation, prêts à petits taux, étaient garanties aux travailleurs,
équité salariale (échelle de 1 à 10 contre de 1 à 400 pour les USA),
plusieurs réalisations scientifiques et technologiques (notamment dans le domaine de l’espace).

Tous ces succès et garanties pour le monde du travail ont été réalisées alors que, en termes de richesses et de capacités, l’économie de l’URSS ne représentait qu’environ 60% de celle des USA !
Sur cette période, les interventions impérialistes n’ont pas cessé, la course aux armements imposée par les puissances capitalistes, le boycott quasi-permanent, un fardeau des réparations et reconstructions sans précédent en conséquence de la 2ième guerre mondiale (près de 25 millions de morts, 45 millions de blessés, dont beaucoup de cadres du Parti Bolchévique, plus d’un tiers des villes rasées, un tiers de l’économie détruite, …)
Reagan (1980) intensifie la guerre économique déploie sa politique de lutte contre « l’empire du mal » !

Mais alors, avec de tels succès, pourquoi la chute ?
Il est souvent avancé que la chute est due à la politique de Gorbatchev.
Le rôle de Gorbatchev dans cette catastrophe est indéniable. Alors que les problèmes de l’économie socialiste sont devenus de plus en aigus.
Les années 1964 à 1983, années qualifiées de période de stagnation (par divers courants) en raison de la politique de stabilité des cadres menée par Brejnev, ont contribué à l’accumulation de problèmes non résolus, notamment de corruption (sa fille et son gendre étaient impliqués dans diverses affaires) et d’indiscipline dans le monde du travail
En 1983, Andropov (décédé très tôt pour cause de maladies rénales et dont un ex-directeur de la CIA a dit que s’il était restait quelques année de plus, on aurait l’URSS en face de nous !) a essayé de relancer la machine avec un plan d’investissement et d’innovation technologique, de rajeunissement des cadres du parti, ….
Gorbatchev annonçait qu’il allait y remédie, en reprenant même des thèmes d’Andropv (glasnot = transparence) mais tout en introduisant des éléments de marché capitaliste et en baissant la garde face aux USA tours plus offensifs et agressifs.
Par exemple, et alors tous les précédents présidents (Brejnev, Andropov, Tchernenko)avaient exigé un désarmement mutuel, Gorbatchev a décidé de faire une concession unilatérale en 1985 pour accepter l’option dite « zéro » de Reagan : retrait des missiles soviétiques d’Europe (contre le fait que les USA n’en déploient de nouveaux en Europe !), retrait de l’Afghanistan sans contrepartie (c’est-à-dire sans exiger que les USA cessent leur aide aux Talibans), diminution puis suppression de l’aide à l’ANC et à Cuba, …..
De même, la glasnot de Gorbatchev ne signifiait pas auto-critique à l’interne du parti et renforcement de l’autorité morale et politique du parti, mais critique de l’extérieur du parti et notamment de ses adversaires (dissidents menés par Sakharov, …) et affaiblissement du prestige du parti sous prétexte de libertés des médias confiés aux sociaux démocrates (avec des appuis jusqu’au sein du bureau politique remanié avec l’entrée de Yalovlev véritable cheville ouvrière et Abel Abeguebian comme premier conseiller économiste de Gorbtachev).

Encore une fois, pourquoi Gorbatchev n’a pas pu être été stoppé, alors que l’URSS a relevé et réglé dans le passé des défis beaucoup plus importants (2ième guerre mondiale, guerre froide, …) ?
En les problèmes de l’économie de l’URSS remontent loin dans le temps, du temps même de Khroutchev avec la montée progressive de la seconde économie (ou économie parallèle). Les études indiquent que cette économie, en 1985, représentait environ 25% du PIB et impliquait environ 14 à 15% de la population. Ces pourcentages étaient encore plus importants pour certaines républiques ! Cette progression qui deviendra exponentielle sous Gorbatchev, a permis la naissance et le développement d’une base sociale laquelle ne pouvait avoir d’aspiration de contrer l’organisation socialiste, et donc d’instaurer (restaurer ?) le capitalisme pour le plein développement de ses affaires ! Eltsine en fut le porte drapeau à la suite de Gorbatchev.
Une leçon : on peut introduire des éléments de marché dans une économie socialiste sans danger de réversibilité du système, surtout en phase de consolidation du socialisme.
Cuba aussi a connu et connaît des problèmes liés à l’économie parallèle : mais il semble que la parti cubain et le gouvernement (au moins pendant ce que les Cubains appellent la période spéciale, quand Gorbatchev les a lâchés) l’a combatte par l’éducation et la justice.

On ne peut pas nier que l’économie planifiée et la propriété publique des moyens de production n’a pas apporté un mieux pour le monde du travail.
L’URSS n’est pas tombée à cause du socialisme
Décidément, bâtir le socialisme n’est pas chose facile, et le bâtir signifie que l’affrontement est inévitable avec les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur.

Kamel Badaoui.

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