Histoire

UN LIVRE SUR UN FAIT MÉCONNU DE LA RÉVOLUTION ALGÉRIENNE de l’historien Mohamed Rebah

Culture : UN LIVRE SUR UN FAIT MÉCONNU DE LA RÉVOLUTION ALGÉRIENNE
Il était une fois les camps de regroupement en Algérie
Soir d’ALGERIE 21 03 2013
L’auteur rappelle ce qu’avait écrit déjà en 1962 l’historien français Pierre Vidal-Naquet : «Rien dans la guerre d’Algérie n’est aussi important que le problème des regroupements. Rien n’a été plus tardivement et plus mal connu de l’opinion française.»

Avec son livre des Chemins et des Hommes (éditions Mille- Feuilles), Mohamed Rebah a certainement contribué à l’écriture de l’histoire de la guerre de Libération nationale en apportant un éclairage nouveau sur cette période de notre histoire, différent de la vision imposée par des «dogmes» officiels ou semi-officiels. Mohamed Rebah travaille aujourd’hui sur un autre livre dont le sujet est les camps de regroupement durant la guerre de Libération (1954-1962). Rebah, que nous avons rencontré dernièrement à Alger, rappelle ce qu’avait écrit déjà en 1962 l’historien français Pierre Vidal-Naquet : «Rien dans la guerre d’Algérie n’est aussi important que le problème des regroupements. Rien n’a été plus tardivement et plus mal connu de l’opinion française» (la Raison d’Etat. Textes réunis par le comité Maurice-Audin. Paris : Minuit, 1962, p. 204, réédition Paris : La Découverte, 2002). Rebah, aidé par des amis et des associations locales, est allé recueillir des témoignages auprès de témoins qui ont vécu dans ces camps, implantés dans la région de Cherchell. «Je fais en ce moment un écrit sur la base de ces témoignages», précisera-t-il. Dans cette région (Cherchell, Tipasa), les noms de tribus anciens ont été donnés aux noms des douars, délimités en 1892, comme par exemple Zatima, Aghabal, Béni-Milek, Larhat, Bouhlal, Béni-Zioui. Ces douars portant leur nom de tribu comportaient, leur tour, des noms de fractions de douar. Ainsi, le douar Zatima comportait dans son territoire les fractions Tazrout, Béni-Bouhallou, Ouled- Aïssa, Ghiréyane et Sidi-Salem dont la France avait déplacé leur population vers des endroits bien gardés. A Ghardous, la population n’avait pas été déplacée mais simplement le village a été entouré de fils barbelé. A Oued-Sebt, dans la commune de Gouraya, les amis de Rebah ont retrouvé un camp où la France avait regroupé des populations du douar des Béni-Rached sur la plage même de Oued-Sebt. Le regroupement des populations algériennes qui vivaient dans des lieux clôturés et gardés par les militaires entrait dans le cadre de la stratégie militaire tracée par les officiers supérieurs qui avaient pris le pouvoir à Alger le 13 mai 1958. Cette méthode ainsi passait de l’exception à la systématisation, explique Mohamed Rebah. L’objectif des autorités coloniales, à travers ces camps de regroupement, était d’isoler les combattants de l’ALN et les responsables du FLN de la population. Cet objectif atteint, il était, pensaient-ils, aisé de mettre fin à la révolution en anéantissant les maquisards. Dans ce véritable travail de fourmi, Mohamed Rebah est aidé et secondés par des hommes de bonne volonté algériens et français.
Kader B

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