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Au deuxième mois du « Hirak », quel bilan? par Abdeltif Rebah

arton1362-2.jpgFormidable espérance populaire pour une Algérie démocratique et sociale, renouant avec les promesses libératrices de Novembre, le Hirak est l’objet d’efforts intenses et non dissimulées visant à le mettre au service de la guerre des oligarques qui domine la crise du système politique algérien. Le mouvement populaire est pratiquement sommé par les forces libérales et leurs relais des élites converties, de s’aligner sur les objectifs tactiques et stratégiques des différents clans bourgeois en guerre pour le repartage du pouvoir et surtout de ne pas sortir du strict cadre de leurs mots d’ordre « dégagistes », lui traçant, ce faisant les limites de classe à ne pas franchir. Il est manifeste que l’une des composantes en guerre pour le repartage du pouvoir veut a tout prix assigner au mouvement populaire le rôle de bélier avec les slogans qui vont avec. Force est de constater, après deux mois de hirak, que la ligne de front du combat légitime des travailleurs pour leurs droits démocratiques et sociaux est loin d’être encore déplacée dans la direction de leurs intérêts fondamentaux. Il n’y avait pas de sections syndicales dans le secteur privé, il n’y en a toujours pas, à ce jour. L’UGTA, qui est, à tous ses niveaux pratiquement, gangrenée par des sections non représentatives, n’a pas encore été touchée par le vent du hirak, le monde estudiantin est toujours squatté par des organisations fantoches, aucune organisation démocratique de défense des droits des femmes n’a pu voir le jour, les travailleurs subissent toujours la « hogra » sur les lieux de travail, les médias lourds ou légers sont toujours, sous la coupe des hérauts du libéralisme pur et dur, partisans des privatisations, de la liquidation des subventions et de la soumission à la mondialisation impérialiste. Aveugles à cette réalité, des voix zélées, pressantes et insistantes n’hésitent pas à inviter travailleurs, jeunes et femmes à mettre leurs revendications en sourdine, sur le mode de « ce n’est pas le moment », « ne vous affolez-pas, votre tour viendra, bref, le bonheur est dans l’après, et autres « demain on rasera gratis ». Les travailleurs n’ont pas pour vocation de servir de fantassins dans cette recomposition bourgeoise violente du système politique. Les travailleurs et les forces de progrès doivent refuser cet enfermement qui les place sous la coupe des oligarques et de leurs relais des élites converties. Travailleurs, étudiants, chômeurs, femmes, forces de progrès doivent forger leurs propres mots d’ordre de lutte pour se donner partout les organisations démocratiques et représentatives, leurs armes de combat indispensables pour la défense de leurs droits légitimes, de leur dignité pour faire face aux plans maléfiques des partisans enveloppés dans le « bkhour dégagiste », d’une « 2ème » république au service du libéralisme parasitaire prédateur et liberticide
Abdeltif Rebah

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