Histoire

CLINIQUE LARRIBERE : ACTE DE LA HONTE !!

CLINIQUE LARRIBERE : ACTE DE LA HONTE !!

Nous apprenons avec beaucoup de tristesse et de consternation que la clinique Larribère a été débaptisée et remplacée par le nom d’un chahid, comme si les sites et les rues encore anonymes manquent en Algérie . Dans ce cas, pourquoi cibler spécialement celle-ci, qui a connue des chahids dans son enceinte assassinés par l’ O.A.S  ? Elle avait fait l’objet de plasticages et avait subi, à plusieurs reprises des assauts répétées de l’armée française ! De par son ex-propriétaire, cette clinique a contribué sous différentes formes à la guerre de libération nationale, et il serait injuste d’aller jusqu’à changer de stèle et la dénommer au nom d’un autre chahid que le moudjahid Larribère et d’arriver à une à sorte de confrontation entre la mémoire de deux hommes qui ont eu tant de mérite et à qui on doit tant de considération et d’égard. Le fait de démémoriser la contribution du Docteur Larribère à la lutte de libération nationale et de le, maintenir serait, à notre avis, non seulement une marque flagrante d’injustice mais aussi une usurpation et une négation de l’histoire même.
Avant de citer les actes héroïques de toute la famille Larribère et le Dr Larribère lui-même, nous saisissons l’occasion pour faire connaître l’action des communistes d’avant, pendant et après la guerre de libération nationale. Des récits historiques existent, mais insuffisants sans aucun doute. Nous nous adressons à ceux qui sont dans l’ignorance des faits mais aussi à ceux qui font semblant d’ignorer ou de tenter de continuer à falsifier les faits à leur convenance, de même de ceux « révolutionnaires » du verbe , ces combattants légendaires et permanents au service de l’idéologie de destruction. Nous cibleront aussi cette attitude constante hégémonique, dévastatrice, qui ne voit la vérité que par soit et que pour soit, qui, à fortiori, a été l’auteure, en grande partie de la destruction de toute structure politique vivante et y compris la sienne.
Les Communistes, ont effectivement grandement contribué à la lutte et à la guerre de libération nationale et personne ne pourra faire oublier leur participation active à l’éveil des consciences d’avant le 1er Novembre 1954, dont le mouvement de leurs luttes différenciées et incessantes convergeaient jusqu’à prôner la libération de la patrie par les armes, contre le colonialisme. La convergence des luttes sociales et celles d’ordre politique oeuvrait pour une maturation de masse, pour accéder à l’objectif de libération du pays, seule garante, selon eux, de la réussite et du devenir du mouvement unitaire de libération nationale. Cependant, face à la crise qui a cloué l’ensemble des partis politiques d’avant le 1er Novembre 54, aucune organisation politique classique ( P.P.A, M.T.L.D, Oulémas, U.D.M.A, etc )  n’était mobilisé et à même de se prononcer sur le nouveau mouvement surprenant qui les a transcendé, mais qui a su délibérément s’appuyer sur leur travail de fond de maturation des consciences entamé par la 1 ère organisation de type moderne de lutte qu’a été l’Etoile Nord Africaine, d’obédience communiste. Ce travail lent a commencé depuis le début du siècle dernier jusqu’à novembre 54. Ce mouvement a été l’œuvre de l’ensemble des nationalistes et des patriotes. Il a conditionné non seulement l’essor du mouvement ayant fait appel aux masses populaires, mais aussi la réunion des conditions de sa réussite. Épargne par la crise de division interne qui a frappé les partis nationalistes, le P.C.A, esseulé, a continué son action. Il a été confronté à l’idée de recours aux armes, comme moyen ultime, pour la libération du pays. Un des grands défenseurs de cette idée a été Camille Larribère (frère du Dr Jean Marie Larribère) dès 1952, qui, sans doute, considérait, avec d’autres militants, qu’il ne fallait pas attendre, de leur point de vue et face à la vision raisonnable de prudence, la réunion de toutes les conditions de masse nécessaires à la prise des armes. Que la nécessité du mouvement dans l’action, créera d’elle-même les conditions de réussite et finira par engendrer le soulèvement populaire généralisé. L’action des réfractaires issus du mouvement nationaliste a dépassé tous les Partis traditionnels. En 1955 le P.C.A a mis en branle son dispositif en préparation et a décidé, à son tour, de prendre les armes et d’investir les maquis. L’organisation des Combattants de la Libération ont pris place dans les maquis autonomes des Aurès, de Oued Souf, de Bouzegza, de Cherchel, de l’Ouarsenis, de Tlemcen, dans l’Oranie, etc. Ce mouvement a investi aussi les villes et les villages, ciblant l’armée française. Après le regroupement négocié A.L.N-C.D.L, une action de soutien permanent des maquis fut développée de même qu’une action soutenue au plan international popularisant et appelant à la solidarité internationale à travers le monde, dirigée notamment vers les mouvements de progrès et des pays socialistes. Le prolongement de l’action communiste a été possible grâce à l’existence et au maintien dans la clandestinité du P.C.A. et de ses réseaux de soutien dans les villes et dans les campagnes. Entre temps, la presse communiste (notamment Alger Républicain) a été interdite en septembre 1955 par l’administration coloniale. La nécessité de converger vers un combat commun contre le colonialisme pour une unité d’action, a présidé, sur le plan notamment militaire, à la refonte des C.D.L dans l’A.L.N et de forger un destin commun dans la lutte de libération nationale, ceci sans entrer dans les détails. Voila esquissé brièvement l’histoire de la contribution communiste au combat national pour l’indépendance.
  On a constaté malheureusement ça et là que certains historiens d’esprit malfaisant et aussi partisans, ont tenté de jeter un doute et un voile sur cette contribution,, d’autres ont tenté de marginaliser cette action. N’oublions pas que l’essor de la guerre s’est affirmé en 1956. Les autres formations politiques n’ont rejoint le mouvement qu’à cette date où le P.C.A avait déjà raffermi et, au préalable, renforcé les rangs du combat unitaire, anti colonialiste. Soulignons aussi que le P.C.A a toujours tenté le rapprochement entre les différentes communautés populaires vivant en Algérie (musulmane, chrétienne, juive), soumises pour certains aux affres coloniaux, de susciter leur engagement patriotique à la guerre de libération : d’où la diversité de ses rangs.
Ces faits historiques avérés s’imposent d’eux-mêmes face à des bonimenteurs qui veulent écrire et raconter l’histoire à leur façon et non telle qu’il se doit : l’habillage et le mensonge détrônent la vérité. Compte tenu de son caractère de masses, personne n’a le droit de s’arroger l’exclusivité dans la lutte et la guerre de libération. L’honnêteté exige que ce passé, acquis de très hautes luttes face à la plus forte force militaire dans le monde qu’est l’O.T.A.N, a été l’œuvre d’un peuple dans unité et dans sa diversité politique. C’est lui qui a su imprimer l’essor nécessaire dès que la « Révolution a été livrée à la rue » pour paraphraser le chahid Ben M’Hidi. Notre histoire nationale a besoin d’être écrite et refaçonner en dehors des tirades idéologiques et devrait s’élever et atteindre le niveau de son universalité, compte tenu de son écho à travers le monde entier.
Pour revenir à Larribère, doit-on rappeler les grands sacrifices consentis par la famille entière, grâce à leur conviction et leur abnégation dans la lutte, dans le mouvement d’ensemble du combat contre le colonialisme et des combats menées après l’indépendance ? Devront-nous à chaque fois revenir pour justifier l’action de certains hommes et femmes pourtant irréprochables ? Nous le ferons en tout cas chaque fois où ce sera nécessaire. Commençons par Camille qui a été un des fondateurs du P.C.A qui avait soutenu le passage à la lutte armée pour la libération, et ce, dès 1952. Il a été chargé de l’organisation et Conseiller des C.D.L dans l’Oranie, ancien officier dans l’armée française durant les deux guerres ( il a été dégradé pour ces activités communistes considérée comme anti française). Il apporta toutes ses connaissances armées et son esprit d’organisation et d’expériences dans les luttes. Son itinéraire de militant est époustouflant : il a participé aux grands mouvements et grèves ayant paralysé la ville d’Oran, là où, pour la 1ère fois, en 1920, des banderoles algériennes avec un drapeau vert et blanc et une étoile sont brandis. Il a connu et activé avec Ho Chi Minh et a collaboré avec AEK Hadj Ali, fondateur actif de l’Etoile Nord Africaine. Il a été élu sénateur communiste sous la IVéme Répubique, élu à la constituante française après la libération, se servant comme porte voix et une estrade pour porter les revendications de son peuple, algérien. Durant la guerre de libération, il avait été chargé par le P.C.A des contacts directs avec des pays socialistes, notamment des Albanais pour l’obtention des armes pour la Révolution, de même que les communistes du P.C de la Corée du Nord. De retour en Algérie, il continua d’activer dans la clandestinité jusqu’à l’indépendance. Il exerça son métier de médecin et ses activités politiques à Sig où il mourut en 1970. Les grands parents paternels ainsi que les oncles ont été membres du P.C.A. Quant à Jean Marie Larribére, son frère aîné a qui appartenait la clinique, il a eu aussi une vie époustouflante de par son engagement communiste et patriotique. Il a été mobilisé durant la guerre du Rif où il a exercé en qualité d’officier médecin. Suite à son activité de propagande dans l’armée coloniale, il a été arrêté puis dégradé pour son opposition à la guerre. A sa libération et de retour à Oran, il a ouvert une clinique d’accouchement destinée aux démunies. Cette clinique est devenue par le temps un pôle d’action sociale et politique, animé par les cinq filles du Docteur, toutes des militantes communistes et féministes. S’adaptant à de nouvelles exigences inhérentes au déclenchement de la guerre de libération, la clinique a été transformée en lieu de rayonnement et de soutien. Les filles Larribère se sont engagées entièrement dans la lutte. Arrêtées, jugées et expatriées en France, elles ont connu les prisons et les camps d’internement, de même que leur mari, militants communistes qui ont affronté courageusement les affres du colonialisme (arrêtés puis torturés et emprisonnés …)
Le Papa Jean Marie Larribère a tout mis en œuvre pour adapter et transformer la clinique, à la disposition de tout le mouvement national par l’action de collecte de médicaments et de l’outillage médical nécessaires aux maquisards. Elle a été transformée en lieu de refuge, de secours aux recherchés et emprisonnés, un abri aux réseaux clandestins de l’Oranie ainsi un lieu d’accueil pour les rescapés des C.D.L de l’Ouarsenis et de Tlemcen en 1956. A cette date, il s’était rendu à Alger pour rejoindre l’A.L.N. Le réseau P.C.A qui devait l’accueillir a été détruit par les paras. Il est renvoyé à Oran pour poursuivre son activité où il vécut en semi clandestinité. La clinique fut entièrement détruite par un plastiquage dirigé par l’O.A.S où il échappa de justesse d’une mort certaine. Il a pris le chemin de l’exil à Paris pour un moment. Il est revenu par l’exécutif provisoire de Boumerdès, pour rejoindre Oran une nouvelle fois pour créer et animer un hôpital dans la maison d’un camarade pour accueillir et soigner les blessés de la furie barbare de l’O.A.S. A l’indépendance, Jean Marie a mis sa clinique à la disposition du secteur sanitaire national.
A l’instar du père, c’est toute une famille entière qui s’est mis à la disposition du pays avec beaucoup de courage et d’héroïsme. Nous n’avons fait qu’esquisser, à travers une présentation non exhaustive la vie des Larribère encore plus profonde. Une vie pleine et entière au service de leur patrie. Soulignons, en notre intime conviction, que, les sacrifices consentis, leur courage et leur détermination ont été largement à la hauteur de leur patriotisme et leur idéal. Comme pour tous nos chahids et nos moudjahids, nous nous inclinons sur la mémoire de ces combattants de la lumière qui ont fait de nous des femmes et des hommes. Aussi nous exprimons tous nos respects, toute notre reconnaissance ainsi tous nos regrets à la famille Larribère. Plus vite cet acte sera réparer, plus vite c’est mieux dans le respect et la dignité de tous nos combattants. Il serait plus convenable de demander à la France et à juste titre, les réparations envers notre peuple en accordant des égards à tous ceux, et sans discrimination, qui ont combattu héroïquement pour l’Algérie. .  

S.A ALLILOU –

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