DÉCÈS DE SADEK HADJERES
Sadek Hadjeres, l’ex-Secrétaire Général du PAGS est mort. Nous l’avons accompagné à sa dernière demeure la semaine passée. En sa qualité de premier responsable du Parti, nous lui avons voué admiration et respect : il avait consacré une trentaine d’années de sa vie, dans la clandestinité et sans interruption, à la lutte au sein du P.C.A pour l’indépendance du pays et ensuite au combat de notre peuple pour son émancipation, la démocratie et le socialisme à l’indépendance.
Les conditions de lutte dans la clandestinité ont été très pénibles et abominables face à la répression des forces coloniales à qui a succédé celle du régime autoritariste post indépendance.
L’abnégation et le courage de Sadek et de tous nos camarades qui l’ont accompagné dans le mouvement étaient à la mesure de leur détermination et de leur foi en leur idéal et en la classe ouvrière qu’ils défendaient.
La dissolution du P.A.G.S en 1990 a vu l’éclatement du mouvement qui s’est scindé en micro partis et cercles et le retrait d’une partie des militants et sympathisants de la base, très déçue par le tournant des choses. Certains militants, ayant compris le sens de cette manipulation, sciemment préparé au préalable, ont rejeté la dissolution et préféré garder leurs repères idéologiques appuyées sur les fondamentaux de la ligne politique marxiste-léniniste, évitant ainsi l’écueil et la tentation social démocrate et rejetant l’option libérale comme seule et unique voie de développement.
Sadek avait auparavant cautionné les réformes économique en 1988, Après une période d’atermoiement, il a rejoins le camp social démocrate, sans toutefois nier son passé militant. L’envoûtement des sirènes libérales et impérialistes a fini par conquérir l’esprit d’un certain nombre de ces mini partis, cercles et certains individus comme Sadek, par le reniement.
Cet envoûtement et tentative droitière ont incité ces derniers vers des visions prétendument novatrices alors que fondamentalement les problèmes du pays sur le plan social, économique et politique demeurent les mêmes et se sont même aggravés avec un remarquable et net tournant vers le libéralisme dès le début des années 80. Faisant l’impasse sur le choix du système, ces nouvelles tendances se sont alignées sur des visions de combats secondaires et même conjoncturels sans grandes perspectives de développement et sans finalités sociales.
L’essor déroutant de cet effritement a renforcé, hélas, la faiblesse et l’éclatement du tissu politique national avec la promotion et l’apparition d’une myriade de partis groupusculaires ajoutant ainsi la confusion à l’inefficacité de la représentation et de l’action politique, faisant ainsi l’affaire de la bourgeoisie et de l’impérialisme. La disparition du Parti d’avant-garde ainsi que les auteurs de celle-ci portent en grande partie la responsabilité de cette déchéance politique.
Nous retiendrons toutefois l’apport de Sadek, mais aussi de nos anciens camarades à la lutte de libération et à la démocratie qui ont été à la mesure de leurs sacrifices, de leur abnégation, de leur dévouement de classe et de leur attachement à leur peuple. Ils ont marqué à jamais l’histoire du pays. Ils nous ont légué une grande expérience et des leçons à méditer. Le caractère et l’histoire des luttes sociales en Algérie ainsi que le caractère des luttes politiques ne peuvent être entièrement cernés sans évoquer le rôle du mouvement communiste. Ainsi l’héritage à porter est bien lourd. Mais il est honorifique pour ceux qui daignent l’assumer comme acquis pour continuer ou reprendre .le combat.
A Sadek, qui nous a permis l’évocation de nos camarades, nous tenons à lui rendre hommage ainsi qu’à ceux qui l’ont accompagné durant les durs combats dans, en dehors et durant l’itinéraire du P.C.A et du P.A.G.S.
A la famille de Sadek, à tous ses camarades et amis, nous présentons toutes nos condoléances les plus attristées.
L’équipe du journal RAINA