Société

Déclaration de la -Moubadara du 24 Février 1971-

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Déclaration de la -Moubadara du 24 Février 1971-

Occupant depuis le 22 février dernier, pacifiquement et dans la liesse, les rues des villes du pays et de manière grandiose aux yeux du monde entier, celles de sa capitale, Alger, notre peuple a fait la démonstration massive éclatante de son rejet radical du système oligarchique qui s’est construit par et autour du projet de Bouteflika d’insérer l’Algérie plus profondément dans le système capitaliste mondial depuis son passage à Davos. Ce projet avait été entamé bien avant par l’ex président Chadli Bendjedid et son premier ministre Mouloud Hamrouche.
Le peuple algérien a dénoncé avec force la corruption, le vol, la concussion, les détournements, l’accaparement des moyens de l’État et même de ses institutions au profit d’une minorité de prédateurs. Il a dénoncé l’arrogance des gouvernants, la naissance et l’aggravation vertigineuse des inégalités sociales par des oligarques créés de toutes pièces par des centres et des décideurs du pouvoir. Il a dénoncé la dégradation des conditions de vie, la chute du pouvoir d’achat et du niveau de vie, la mal-vie de notre jeunesse.
Les travailleurs des secteurs sociaux, enseignants, médecins, éducateurs, ont fustigé la politique d’abandon des structures qui assuraient quelques chances d’accès aux soins, à la culture. Ces manifestations expriment la colère profonde de la jeunesse face à l’étouffement et la répression, des décennies durant, de toute expression démocratique et la fermeture de tous les espaces de revendication et de contestation
Notre jeunesse dans une créativité jamais démentie a formulé dans des chansons, des slogans, dans de l’humour souvent, l’anéantissement de ses espérances dans l’alternative drogue ou « Harga » dans laquelle la pousse la pouvoir avec son peuple qui refuse que soit humiliée son histoire tissée d’héroïsme.
-Les femmes ont marqué fortement par leur présence remarquée et remarquable ces manifestations et cela à travers tout le territoire national, marchant à coté de l’homme, donnant une image éclatante de son long et juste combat pour l’égalité réelle en droits, et devoirs pour une Algérie de demain démocratique et de justice sociale.

Une banderole affirmait qu’on ne peut laisser entre les mains l’Algérie des martyrs à des gouvernants corrompus, antinationaux qui ont bradé la souveraineté nationale. De façons diverses et créatives les jeunes manifestants ont exprimé leur conscience que le « Hirak » a aiguisé les appétits d’intervention étrangère.
Dans les échanges de rues, beaucoup affirment que des forces et puissances étrangères, Israël, la France, les USA veulent tirer de notre colère le carburant pour leurs moteurs, mais refusent que les projets impérialistes intimident notre propre volonté de changement et de restitution de notre pays et de notre État à notre souveraineté populaire.
La souveraineté populaire est désormais la notion la plus vigoureuse dans le développement de notre conscience nationale et sociale. Tous les slogans scandés ou écrits rejetaient fermement toute ingérence étrangère et particulièrement celles de la France et des États-Unis.
Ce 15 mars 2019 notre peuple vient de mener des manifestations sans précédent par leur ampleur nationale, leur ancrage dans toutes les corporations et catégories sociales, leurs significations politiques et sociales, leurs portées culturelles et leur relation totalement exprimée avec les luttes précédentes de nos ancêtres. Partout la présence du drapeau palestinien démontre un engagement anti-impérialiste enraciné dans les différents milieux de notre jeunesse
Ce 15 mars notre peuple vient d’infliger une défaite décisive à la caste des oligarques structurée autour de Bouteflika et des liens avec l’étranger qui nous restent opaque.
Mais Il n’a pas assuré sa victoire pour le retour d’un État réellement indépendant, délié des attaches qui se sont tissés secrètement ou ouvertement avec les milieux impérialistes qu’ils soient financiers, politiques, culturels, jusqu’à la banalisation de ceux ci avec Israël dans le domaine artistique.
Notre peuple n’a pas assuré sa victoire sur ces liens de servitude où nous ont mis l’accord avec l’Union Européenne, avec la Banque Mondiale et le FMI et le délirant processus de négociations avec l’OMC. Nous n’avons assuré aucune victoire sur les Fonds d’investissements communs entre la France et l’Algérie. Notre peuple n’a pas encore assuré sa victoire pour une Algérie de justice, d’éthique et de morale, de paix et de solidarité.
La Moubadara demande que soit inscrits dans notre programme immédiat
1- Le retour à une politique de développement national, enraciné, répondant aux aspirations de notre peuple et particulièrement de sa jeunesse au progrès social, et valorisant nos ressources humaines et matérielles
2- L’interdiction de privatiser sous quelque forme que ce soit nos ressources naturelles et principalement le pétrole. La défense de notre production nationale industrielle et agricole, secteur privé et public confondus Le retrait des secteurs de la santé, de l’éducation, de la culture et du sport de la sphère marchande et leur classement dans les biens communs immatériels du peuple algérien. Ainsi que celui de l’énergie et de l’eau à usage domestique L’interdiction de l’importation de tous les produits non nécessaires à la production nationale ou à la santé et l’éducation des citoyens
3-La promulgation immédiate dans la phase de transition d’une ordonnance garantissant la liberté et les droits d’association, de réunion, d’expression et d’édition sur le simple mode déclaratif. Le retour à une politique de souveraineté pleine et entière, sans aucune concession et notamment en interdisant aux ambassades et autres structures étrangères telle l’U.E d’entretenir des relais politiques et de les financer.
4-L’annulation pure et simple et non négociée du fichier national social en élaboration, concocté sur injonction de la banque mondiale et visant les subventions ciblées.

5-La dénonciation de l’accord avec l’U.E, l’arrêt des négociations avec l’OMS et la levée des restrictions qu’avait imposées le FMI sur les salaires de nos cadres, ingénieurs et médecins dans le but manifeste soutenu par Ouyahia d’organiser l’expulsion des cerveaux.
6- L’interdiction de toute forme de normalisation avec Israël et de toute relation « culturelle » et « artistique »
7- L’interdiction des activités politiques directes auprès de nos citoyens des ambassades étrangères et le respect absolu de leurs rôles de représentants d’État à État et de ponts d’échanges culturels non politiciens.
8- Le développement de notre connaissance des enjeux stratégiques que se nouent à nos frontières avec :
a) l’ouverture d’un siège de la LICRA organisation militante sioniste agressive parrainée par le ministre israélo-tunisien du tourisme aux engagements sionistes connus et parrainé par le mouvement El Nahda en gage d’une égide Saoudo-US à sa prise de pouvoir
b) l’alliance désormais officielle entre le Tchad et Israël à après la visite d’Idir Deby en Palestine occupée.
c) la mainmise aggravée de la France sur les structures de pouvoir au Mali.
d) l’alignement de la Mauritanie sur les nouvelles alliances fomentées par Mohamed Ben Selmane, Israël et les USA. e) « Faire tomber l’ordre politique actuel et se préparer à défendre l’Algérie des subversions impérialistes. » Ainsi apparaît le fond des slogans des manifestants du Hirak.
S’organiser, s’organiser, s’organiser
Jamais, sans doute, n’est apparu et n’a été ressenti avec autant de force qu’en cette phase le besoin de s’organiser pour que le formidable élan populaire et les immenses espoirs cristallisés par le « Hirak » ne soient pas détournés au profit des forces au service des oligarques, pour qu’ils aboutissent dans la concrétisation du projet d’une Algérie démocratique, populaire et sociale Notre peuple doit agir, dès la phase de transition.
Pour assurer sa victoire notre peuple doit s’organiser.
La raison comme l’expérience d’octobre 88 ou la période du terrorisme est de nous organiser pour préserver nos structures d’utilité sociale et de production. La meilleure voie et la plus courte est que nous organisions partout sur nos lieux de travail et d’étude des débats qui doivent déboucher sur des plates-formes consensuelles et des comités pour la victoire de notre peuple contre la prolongation du 4ème mandat.
De nos lieux de travail et d’étude doivent s’organiser des structures régionales et nationales capables de les protéger et de désigner les représentants dignes de notre confiance.
Notre déclaration est aussi notre contribution.
Vive l’Algérie. Vive notre peuple.
Vive l’Algérie indépendante, souveraine, démocratique et sociale.

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