Politique

Démission -sous pressions- d’une responsable de l’ONU au sujet d’un rapport critique d’Israël

Démission -sous pressions- d’une responsable de l’ONU au sujet d’un rapport critique d’Israël

Le mouvement sioniste est né avec l’apogée du colonialisme (2ème moitié du 19ème siècle). L’Etat d’Israel ( sous la formule « un foyer national juif ») a été promis par l’impérialisme britannique qui occupait la Palestine (Déclaration de « Balfour » en 1917). L’Etat d’Israel a été créé et reconnu par l’ONU en 1948 sur le territoire d’un peuple colonisé. Cet Etat n’a même pas appliqué la résolution sur le partage de la Palestine (Novembre 1947). La résolution 194 sur le droit au retour des réfugiés dans leurs foyers d’origine (en plus des dédommagements) attend toujours. Au contraire, ce sont de nouveaux territoires qui sont annexés. Des populations importées de plus de cent pays s’installent sur la terre des palestiniens. Cela dure depuis les premières colonies de peuplement financées par le groupe Rotshild jusqu’à la propagande mensongère orchestrée par le groupe « Publicis » (propriété de l’anti-féministe Elisabeth Badinter)…
Avant même la création de l’Etat d’Israel (peut-on parler de « création » d’un Etat ?), le mouvement sioniste a dénigré et assassiné tout émissaire international, journaliste, intellectuel ou observateur qui a formulé une quelconque critique à ce projet (puis ce Etat) de colonisation de peuplement.
Un juge sud africain blanc (pourtant sioniste mais « modéré) a été obligé de retirer un rapport réclamé par l’ONU sur une des nombreuses agressions armées contre la population encerclée à Gaza. Jean Zigler a été obligé de démissionner suite à un rapport sur l’état global (santé, alimentation…) des palestiniens sous occupation.
Nombreux sont les hauts fonctionnaires de l’ONU, bien vus et bien notés par leur hiérarchie (l’expression préférée des flics, à propos de leurs collègues ayant la gâchette ou la matraque « facile ») qui sont devenus victimes de la vérité (ou même une petite partie de la vérité) qu’ils ont décrite dans un rapport sur les palestiniens. La dernière en date est une très haute fonctionnaire qui a refusé de retirer un rapport (très poli et très modéré par rapport au vécu des palestiniens).
Ce qui suit est un résumé -commenté et «enrichi»- de plusieurs dépêches d’agences de presse, entre le 17 et le 19 mars 2017.

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Madame Rima Khalaf est secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO en Français ou ESCWA en Anglais). La CESAO est composée de plusieurs pays d’Asie de l’ouest, dont 18 pays arabes, dont l’Etat de Palestine (chimérique) comme un membre à part entière, selon son site internet. Elle oeuvre à renforcer la coopération et à promouvoir le développement. Le Secrétaire Général de l’ONU lui a demandé un rapport sur la situation des droits de l’homme des palestiniens dans les territoires occupés en 1967. Le rapport qualifie les méthodes israeliennes de séparation (mur, routes et moyens de transports en commun séparés) de système d’apartheid. Selon le rapport, dont l’un des auteurs est Richard Falk, un ex-Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme dans les Territoires palestiniens, « Israël est coupable d’imposer un régime d’apartheid au peuple palestinien (ce qui constitue) un crime contre l’humanité ». Les auteurs du rapport (les arabes y sont minoritaires) accusent Israël « d’imposer aux Palestiniens des conditions pouvant s’apparenter au régime d’apartheid ». Le rapport est sur le site de « ESCWA ». « Le secrétaire général de l’ONU (Antonio Guterres) a demandé à la responsable régionale (Mme Khalaf) de le retirer du site.
Cependant, ce sont les Etats-Unis, principal allié d’Israël, ont réclamé dès mercredi 15 mars 2017 le retrait du rapport, se disant « outrés » par un texte qui conclut que l’Etat hébreu est « coupable de politiques et de pratiques constitutives du crime d’apartheid ». L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley a déclaré (deux jours avant la réaction officielle du Secrétaire Général de l’ONU) « Quand quelqu’un publie un rapport (…) diffamatoire au nom de l’ONU, il est pertinent que cette personne démissionne ». Après la démission, elle s’est félicitée de la décision de M. Guterres de « prendre ses distances » du rapport. Mercredi 15/03/2017 elle s’est engagée, en tant que représentante du président Donald Trump « à défendre Israël bec et ongles au sein de l’organisation »
Le porte-parole de M. Guterres a démenti que le retrait du rapport et la démission de madame R. Khalaf soient le résultat de pressions américaines. Il a indiqué aux journalistes que le rapport avait été retiré du site internet de la CESAO, sous prétexte que le texte « ne reflète pas les positions » de M. Guterres. Comme si c’était un dictateur qui gouverne un Etat bananier nommé ONU.
L’ambassadeur israélien à l’ONU s’est félicité dans un communiqué de la démission de Mme Khalaf. « Au fil des années, Khalaf a oeuvré pour porter préjudice à Israël (…) sa mise à l’écart par l’ONU aurait dû intervenir il y a longtemps ». Madame Rima Khalaf a réagi : »On s’attendait bien sûr à ce qu’Israël et ses alliés exercent des pressions énormes sur le secrétaire général de l’ONU pour qu’il désavoue le rapport et qu’ils lui demandent de le retirer », a indiqué Mme Khalaf lors de son point de presse.
« Il est normal que le criminel s’attaque à ceux qui défendent la cause de ses victimes mais je ne peux accepter d’être soumise à ces pressions », a-t-elle dit en lisant sa lettre de démission à M. Guterres…

Cet épisode fait parti d’une longue série d’intimidations, de pressions sur quiconque ose contredire la propagande officielle israelienne et américaine. Ce qui démontre que la question palestinienne est au cœur des problèmes de la région « moyen orient ». Ce rapport est conçu, rédigé et publié par une équipe. La moindre des choses est qu’il soit visible, lu et commenté. L’interdire de publication et le retirer est une pratique digne des Cheikhs du Golfe, de dictateurs qui réclament un seul chef, une seule voix, une seule vision des choses.
L’ONU est devenu un outil de domination impérialiste. Il était probablement conçu ainsi dès le départ, pour servir le diktat des grandes puissances.

L’ONU a couvert l’occupation de la Palestine, sous la forme d’une colonisation de peuplement qui interdit même de faire travailler des autochtones (pour les obliger à partir). Elle a fourni une légitimé à la colonisation d’un pays par des colons venus de 100 nationalités. Le mouvement sioniste a formé (avec l’aide de la France et la Grande Bretagne) une armée composée de mercenaires de 37 nations. Cette légitimation de l’occupation balayait tous les discours sur les droits des peuples et sur les droits humains.
Le rapport en question ne fait que relater des réalités observées sur place. L’Etat sioniste a divisé le peuple palestinien en communautés. En cela les américains ont fait de même en Iraq, en Syrie et ailleurs. Les palestiniens ne sont plus palestiniens mais musulmans, bédouins, druzes etc. Les irakiens sont sunnites, chiites, kurdes…

En Palestine, la situation est pire que l’apartheid. Face à l’apartheid, on réclame l’égalité. En Palestine, il s’agit d’une colonisation de peuplement. Le mouvement sioniste armé, puis l’Etat d’Israel ont expulsé un peuple de sa terre. Une autre population en majorité « Ashkénaze » (Européenne) au départ a été importée. Elle a occupé les maisons, les terres et les propriétés du peuple expulsé hors de son pays. La revendication principale n’est pas l’égalité entre colons et colonisés, mais d’abord « droit au retour + indemnisation des réfugiés » et autodétermination du peuple palestinien…

Taher MOEZ 19/03/2017

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