Société

Départ de Nouredine : Une Pensée à sa mémoire

Nourredine Abdelmoumene nous a quitté.

Nous demeurons très tristes dece départ inattendu et impromptu. Par cela, nous devenons des itama.
Décidément, il est des Hommes de sa trempe qui, de par leur caractère, leur prestance intellectuelle, leur qualité morale ainsi que leurconstance et leur régularité indéfectibles, deviennent pratiquement irremplaçables, qui vous font regagner le chemin du courage et de l’espoir face aux durs moments, des accrocs de la vie et des sentiments de lassitude. C’est un homme qui, sans dessein et de son naturel inégalable, vous rassure et vous réconforte dans vos épreuves.

Il fut un gardien du « temple ». Il gardait en lui une mémoire d’un passé très riche fait de mouvements sociaux et de luttes incessantes faites de victoires de classe et hautement patriotiques mais aussi de peines et de défaites assumées. D’un air amusé, il aimait à relater les durs et longs moments de clandestinité où il fallait assurer de durs et longs moments de privation et de lutte contre l’hégémonisme et l’exclusion déjà vécues sous l’ère du colonialisme mais aussi, malheureusement, durant la période post coloniale, suite à l’interdiction délibérée du P.C.A et de la chasse à l’homme qui a suivi le coup d’Etat de 1965 et le refus de toute expression libre.

Les hommes issus de cette mouvance, en engageant une nouvelle lutte pour les libertés sociales et démocratiques sont restés fidèles à leurs engagements jusqu’au bout. Animés d’une conscience indéfectible, ils ont su vaincre les poursuites acharnées et sans relâche d’une police politique qui n’a pas pu rompre ni fourvoyer leur dessein. Leur abnégation et leur détermination leur a permis de, non seulement préserver leurs structures organiques, mais à les développer jusqu’à un point très appréciables, et ce malgré les conditions d’évolution très difficiles. Insistons sur le fait que, au delà du noyau dur de militants qui a survécu aux coups de boutoirs d’un colonialisme sanguinaire, l’organisation s’est au contraire développée malgré les interdits, les obstacles et les embûches dressés à leur égard, durant la période post-coloniale. Ces hommes ont su répondre, bien sur, par leur abnégation totale mais aussi par leur conviction et leur détermination patriotique, en se mettant au service de la classe sociale qu’ils défendent, en liant constamment les intérêts nationaux à ceux des travailleurs. Ils ont su user de leur influence pour faire admettre très tôt leurs idées de partage, de justice et de solidarité jusqu’à favoriser l’introduction de la modernité et une dynamique de développement économique et social sans pareil pour un pays sorti du néant colonial, qui s’est mis à croire en ses réelles possibilités de pouvoir sortir de la situation complètement exsangue et de son état endémique de sous-développement, et, d’évoluer ainsi, vers une perspective sociale qualitativement meilleure pour le pays.

Nourredine a fait partie sans relâche et jusqu’au jour de sa disparition, de ces grands hommes qui ont marqué à jamais l’histoire de notre pays. Le dévouement à sa cause –à notre cause- a été plus qu’exemplaire. Sa présence nous donnait de l’assurance. Sans dramatiser, il a su toujours éclaircir avec lucidité des situations politiques ombrageuses. Parfois, face à la tentation du doute et du découragement, il ne cessait de rappeler les perspectives et l’issue politique autant pour le temps présent que d’avenir.

Son départ précipité laisse un grand vide et fait peser désormais sur nos épaules une lourde responsabilité, énorme héritage que de ressusciter une expérience des luttes populaires qui avaient un sens et un objet qualitatif à assumer. Nous perdons là un camarade et un grand frère accompagnateur. Il a constamment refusé la soumission et a lutté pour la liberté de l’expression, de l’action sociale et politique et pour les droits sociaux. Il a de toujours, refusé la politique de la mise au pas et de reniement. Il l’a payé cher. Il le savait. C’est un choix que de se vouer à son idéal. Il le savait aussi. il est parti libre comme il a voulu vivre ! Il est certainement parti avec le sentiment du devoir pas totalement accompli. Peu importe cher camarade, des regrets on en aura toujours, la sincérité de ton engagement jusqu’à ton dernier souffle suffit et prouve ta stature de grand homme. On gardera de toi une vie exemplaire faite de détermination, de conviction et d’abnégation, l’image d’un fils du peuple qui a su endurer les épreuves pour la liberté qu’elle qu’en soit le prix, l’image de tes chaussettes toutes ensanglantées que tu enlevais le soir après une dure journée de tes périples, à pieds, à travers la capitale, pour réaliser tes taches, reprendre tes contacts, distribuer la presse, faire parvenir les orientations et les nouvelles, animer la continuité des débats etc, tout cela dans la totale clandestinité. On retiendra aussi ta bonhomie, ta gaîté et surtout ton ouverture d’esprit et le besoin de s’adapter aux nécessités nouvelles et rester constamment à l’écoute des masses laborieuses. Tu es parti en silence comme tu es venu, loin des feux de la rampe et dans la discrétion totale presque en t’excusant….

DORS EN PAIX CHER CAMARADE. TU L’AS BIEN MERITE. ADIEU GRAND
FRERE !!

S.A ALLILOU

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