Politique

Le retrait US de l’accord sur le nucléaire iranien dans le grand jeu entre globalisation et mondialisation.

Le retrait US de l’accord sur le nucléaire iranien dans le grand jeu entre globalisation et mondialisation.

Par Mohamed Bouhamidi.

Le retrait US du plan global sur les activités nucléaires de l’Iran n’est pas arrivé totalement par surprise. L’enthousiasme sioniste de Trump, de sa fille et de son gendre, activiste de l’expansion israélienne, annonçait un tournant guerrier dans l’alliance des USA avec Israël et un alignement des premiers sur les rhétoriques bellicistes du second.

Le retrait ne peut s’expliquer par ce seul penchant idéologique d’une équipe arrivée au pouvoir contre la volonté de l’establishment qui tenait (et tient toujours) Washington DC.

La lutte entre la nouvelle équipe et l’establishment se déroule depuis la campagne électorale autour d’un conflit structurant : retour à la mondialisation ou poursuite de la globalisation.

Trump est le champion du retour à l’ancienne marche de la mondialisation. Cela signifie une gouvernance mondiale mais sous l’hégémonie d’un seul commandant mondial, d’une seule superpuissance, les USA qui se considèrent être le principal artisan de la victoire sur le communisme.

La globalisation vise également un gouvernement mondial mais associant les autres grands centres du capitalisme historique, restés des puissances industrielles et commerciales. Il s’agissait de pousser à l’extinction des vieilles nations et de pousser plus loin les structures actuelles supranationales de gouvernance du capitalisme mondial (Union Européenne, différents traités de libre échange etc.). Il s’agit d’une démarche d’intégration et de future fusion de ces gouvernements dans une structure globale supra nationale. Le G7 en est une préfiguration. Dans cette logique, les USA devaient abandonner la part la plus visible et la plus choquante de leur hégémonie en acceptant d’adopter les nouvelles préoccupations mondiales, telles que les questions du climat et du réchauffement de la terre.

Bien sûr ces préoccupations ont très peu à voir avec une préoccupation de la nature, de la vie et du futur de notre planète. Bien au contraire la recherche du profit, l’intensification de l’usage des produits chimiques, la sélection des semences tuent la biodiversité, la faune, la flore, le milieu marin et annoncent l’extermination des abeilles.

La réalité profonde de la globalisation est de prévenir les conflits et les guerres inter-impérialistes en préparant l’extinction des Nations et des Etats nationaux et en dirigeant toutes les contradictions en direction de la Chine et de la Russie et en essayant d’interdire l’émergence de toute nouvelle puissance ou nouveau bloc de puissance économique. La Russie dans la conception des stratèges de cette globalisation devait rester un immense réservoir de richesses fabuleuses à piller comme à l’époque Eltsine et la Chine rester un atelier du monde vers lequel on expatriait aussi les luttes de classes et les conflits sociaux qui minaient le centre capitaliste.

L’accord sur les activités nucléaires de l’Iran est le modèle le plus achevé, la meilleure réussite de cette globalisation puisque les puissances impérialistes ont su préserver les intérêts économiques de chacune par le retour sur le marché iranien tout en laissant aux USA le rôle de leadership, pour une fois sans hégémonie. L’accord bien sûr lie d’une certaine façon les mains de la Chine et de la Russie en les bridant par la résolution du Conseil de Sécurité.

Evidemment pour la globalisation comme pour la mondialisation impérialistes l’OTAN est la structure de force et de contrainte sur laquelle se bâtira tout futur gouvernement capitaliste mondial. La règle non écrite de cette démarche par consensus était que les USA continuaient à assurer la direction politique et militaire du monde, que les autres puissances impérialistes allaient bénéficier de leur protection mais acceptaient d’appliquer les politiques de sanctions ou de guerre.

Toute autre démarche pour les USA aurait heurté de front les intérêts des autres puissances dont la force économique tient encore à leur territoire alors que la force économique US tient à un élément sans territoire, le dollar.

La globalisation signifiait surtout que le territoire et le peuple ne tireraient plus de leur position de surplus ou de plus-value qui maintiendraient leur état général ou leur vie au niveau des décennies fastes. La politique de globalisation a dévasté aussi bien le territoire que la condition du peuple blanc US. Par quel retournement la politique de l’administration US hostile aux intérêts de tous les peuples du monde est devenue hostile au peuple blanc qui tenait debout cette administration impérialiste ? Ce peuple blanc est justement celui qui pense qu’il est en droit de surpasser tous les autres peuples. Il est, aussi, le peuple qui tient les piliers des Eglises évangéliques, celles qui veulent accélérer le retour du messie en rassemblant les douze tribus juives sur la « terre » d’Israël. Se réalisera alors leur rêve de la conversion mondiale, et d’abord celle des juifs, à leur vraie religion. Ils ont hâte de voir la grande victoire d’Israël sur tous ses ennemis dont l’Iran bien sûr et ils voteraient les yeux fermés pour toute politique de guerre contre tout ennemi supposé d’Israël.

Ce peuple blanc paupérisé, dégringolé, soumis à toutes les nuisances du déclassement social est la plus grande puissance élective pour la politique de Trump. L’alliance de Trump avec lsraël est l’émanation des secteurs les plus réactionnaires des USA

En se retirant de l’accord sur les activités nucléaires de l’Iran, Trump vient de frapper trois coups.

Premièrement il annonce aux autres puissances qu’aucun consensus de la globalisation n’est acceptable s’il remet en cause l’hégémonie US. Les intérêts de remise à niveau des USA priment sur tous les autres. Pour détruire d’un coup l’ensemble des édifices politiques construits par la globalisation et les accords multilatéraux, il lui fallait en détruire la plus belle réalisation et la plus difficile : l’accord sur le nucléaire iranien.

Deuxièmement il annonce que les USA sont capables, même dans leur situation d’endettement de 20.000 milliards de dollars, d’assumer le coût et les conséquences des contradictions inter-impérialistes. Il taxe tous azimuts pour réduire les déficits avec l’ensemble des partenaires commerciaux, l’Allemagne comprise.

Troisièmement il annonce en déplaçant l’ambassade US à El Qods qu’il donne à Israël le feu vert pour plus de colonisation, de judaïsation, plus de couverture pour les agressions directes contre l’Iran et la Syrie. Il annonce en réalité qu’il a l’accord de tous les pays arabes de la région de constituer avec Israël une alliance politico-militaire contre l’Iran.

Il est impossible de mesurer la réalité et la portée du retrait US de l’accord sur le nucléaire iranien si on ne tient pas compte que Trump et les forces qui le portent viennent de donner un coup de pied destructeur à la globalisation impérialiste multilatérale pour le retour à une mondialisation unilatérale sous hégémonie U.S.

Mohamed Bouhamidi – Alger le 1er Juin 2018.

L’agence officielle iranienne de presse IRNA a sollicité cet avis qu’elle n’a pas publié.

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