Politique

Pétition: Pour une politique française en Syrie indépendante et respectueuse du droit

Pétition: Pour une politique française en Syrie indépendante et respectueuse du droit

Monsieur le Président,

Vous avez déclaré que vous ne souhaitiez pas la destruction de l’Etat syrien et qu’avec vous au pouvoir, on en aurait fini avec les “néoconservateurs importés”. Plus récemment, au sortir du G20, vous avez de nouveau précisé votre détermination à œuvrer pour une sortie politique du conflit excluant le préalable d’une mise hors jeu de l’actuel Président de l’Etat syrien. Vous interrompez le soutien financier et logistique que la mandature précédente accordait à des forces combattantes terroristes qu’elle qualifiait de ‘modérées.’

Ce réalisme a été imposé par l’échec d’une politique d’ingérence illégitime et désastreuse. Le peuple syrien avec toutes ses composantes, en particulier une opposition authentique de l’intérieur, certes pas celle d’une poignée d’exilés exhibés à quelques occasions, s’est rangé derrière Bachar el Assad pour lutter contre la désintégration de sa nation. Avec l’aide de pays amis, il est en train de mettre fin à l’existence d’un Etat takfiriste.

Parmi ceux qui ont accueilli votre présidence avec scepticisme, beaucoup espèrent voir dans cette position une politique qui permettrait à la France d’entamer une diplomatie indépendante. Elle se déploierait fermement dans les intérêts conjoints des peuples de la région, martyrisés et décimés, et du peuple français qui n’en a récolté comme effet tangible que des attentats terroristes sur son territoire et l’instauration d’un Etat d’urgence sans cesse reconduit. Elle saurait rester insensible aux imprécations telles que celles développées dans une lettre ouverte à Libération (1). Ce véritable appel à la guerre cautionne la tentative de déstabilisation d’un Etat souverain au mépris de la loi internationale. Il se présente sous la forme d’un chantage moral habituel qui consiste à culpabiliser ceux qui refusent la guerre, en les accusant de faire de la France la « complice » des crimes imputés sans preuve au gouvernement syrien. Bien au contraire, des preuves irréfutables s’accumulent qui mettent en évidence la responsabilité des forces terroristes dans les différents événements chimiques qui ont émaillé la scénarisation d’une dictature sanguinaire qui assassine son peuple.

Nous sommes opposés à toute guerre d’ingérence franche comme celle qui a détruit la Libye et déstabilisé l’Afrique sub-sahélienne mais plus encore contre cette forme insidieuse d’agression menée par la France en Syrie à l’insu du peuple français. Aussi nous vous mettons en garde instamment contre la tentation de création de couloirs humanitaires, prétexte toujours invoqué pour établir une installation militaire étrangère dans un pays souverain.

Monsieur le Président,

Nous attendons de la part de votre gouvernement que la France réaffirme sa vocation d’indépendance et de respect du droit en matière de politique internationale, à savoir :

– Qu’elle s’oppose aux guerres visant à des « changements de régime », qui sont en réalité des guerres visant à la destruction d’États souverains qui n’agressent personne ;

– Qu’elle refuse de suivre les « diktats » de tous ceux, néoconservateurs ou « humanitaires » auto-proclamés, qui mèneraient à des guerres sans fin, illégales au regard du droit international ;

– Qu’elle fonde le prestige de la France sur sa capacité de compréhension et de médiation des conflits, ce qui est dans l’intérêt véritable des Français et des peuples du monde entier ;

Comme premier geste concret, nous vous demandons de lever les sanctions qui frappent le peuple syrien et de rétablir les relations diplomatiques avec l’Etat syrien. Cela permettrait au moins de coordonner les actions contre les takfiristes européens recrutés en Syrie et en voie de retour pour commettre des attentats.

(1) (http://www.liberation.fr/debats/2017/07/02/monsieur-le-president-maintenir-assad-c-est-soutenir-le-terrorisme_1581057)

Premiers Signataires :

Claude Beaulieu, président du Comité Valmy
Badiaa Benjelloun, médecin, directrice de l’espace Maymana
Ahmed Bensaada, enseignant, auteur et essayiste
Joseph Berbery, retraité de l’enseignement, Canada
Geneviève Blache, membre de la direction du Comité Valmy
Jean Bricmont
Vladimir Caller, journaliste, analyste politique
Michel Collon, journaliste, écrivain, fondateur d’Investig’Action
Comité Valmy
Alain Corvez, conseiller en stratégie internationale
Bruno Drweski, enseignant-chercheur, historien, géopolitiste, ARAC
Bernard Gerbier, professeur des Universités émérite
Bruno Guigue, ex-sous-préfet de la République, analyste politique
Youssef Hindi, écrivain, analyste politique
Investig’Action
Diana Johnstone, journaliste, écrivaine
Claude Karnoouh, philosophe, anthropologue, retraité CNRS
Jacques Kmieciak, journaliste
Simone Lafleuriel-Zakri, professeur retraitée, écrivaine, historienne
Jean Lévy, Comité Valmy (direction), ancien responsable CGT Banques
Jacques Maillard, physicien, bureau national du Comité Valmy
Alexandre Moumbaris, éditions Démocrite
Marie-José Moumbaris, éditions Démocrite
Majed Nehmé, journaliste franco-syrien, directeur de Afrique-Asie
Jean-Pierre Page, syndicaliste, ancien dirigeant national CGT
Maria Poumier
Jean-Pierre Robert, administrateur du site Palestine-Solidarité
Yves Vargas, Philosophe
Jean-Michel Vernochet, journaliste
Isabelle Voltaire, Comité Valmy (direction)

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