Société

Pourquoi la recherche scientifique ne « décolle » pas en Algérie?

Pourquoi la recherche scientifique ne « décolle » pas en Algérie?

Cette question a été posée, la semaine passée, par Souhila El-Hachemi de la radio chaîne 3 dans sa mission matinale « l’invité de la rédaction » au professeur Aourag directeur de la direction générale de la recherche scientifique et du développement technique (DGRSDT). Il confirme que la recherche scientifique en Algérie n’arrive pas à trouver ses marques et qu’elle n’est pas visible de l’extérieur, mais porte la responsabilité au marché national qui ne fait pas confiance au produit de la recherche. Il ajoute aussi que le blocage est essentiellement l’incapacité à mettre en valeur le produit de la recherche scientifique sur le marché. Mais ce que la journaliste oublie de relever est que à ce discours on peut facilement opposer un autre discours. Le produit qui n’arrive pas à trouver sa place dans un marché est soit qu’il est obsolète ou qu’il n’est, pour le moment, d’aucune utilité  pour les éventuels consommateurs.

Ces discours nous mettent en face d’un dilemme. Chaque partie rejette sur l’autre la responsabilité de l’échec des tentatives de faire en sorte que la recherche scientifique soit au service des entreprises productives. Le constat est que ce problème reste mal posé. Ce fait nous éloigne des véritables solutions soulevées par la recherche scientifique de développement.

L’apport de la science et de la technologie dans le développement social et économique n’est plus à démontrer. La vraie question est donc comment organiser ce secteur pour arriver à bâtir une vraie recherche scientifique au service de la société? Répondre a cette question signifie qu’au moins deux conditions ont été réunies:

1) Une stratégie de développement basée sur la mise en place d’une industrie doit être tracée sur le cours, le moyen et le long terme par les pouvoirs politiques. Tous les secteurs d’activité comme par exemple l’agriculture l’énergie et aussi les services ne peuvent se développer que dans un environnement industriel performant.

2) Un système de formation de qualité capable de s’adapter et de s’approprier continuellement le savoir et la technologie doit être le souci permanent de tous. C’est une nécessite pour contribuer à résoudre les problèmes posés par la société et les entreprises.

Ces deux conditions sont loin d’être réunis dans notre pays. Le plan d’industrialisation du pays a été abandonnée depuis le début des années 80. Le fameux plan de restructuration des entreprises a fini par faire disparaître les quelques entreprises d’une industrie naissante.
L’école et l’université ont aussi subi, depuis par ricochet, les méfaits de cette politique de désindustrialisation. L’université algérienne fonctionne renfermée sur elle même et isolée de la société.
La majorité des entreprises, aujourd’hui, se trouvent versées dans le montage de produits importés ou au mieux fabriquer des accessoires qui ne demandent pas une maîtrise technologique particulière. Peuvent-elles absorber les produits de la recherche scientifique  ou investir dans la recherche développement? Difficile de répondre par l’affirmative a cette question. Les problèmes traités par nos chercheurs resteront pour un temps encore indéterminé , presque exclusivement, des ‘produits’ importés des laboratoires étrangers. C’est une recherche de formation à défaut de se définir une recherche de développement.

Les conditions objectives pour le développement de la recherche scientifique dans notre pays ne sont pas encore réunies. Nous avons des chercheurs algériens mais ne n’avons pas de recherche scientifique algérienne. Le directeur de la DGRSDT gère la recherche mais ne l’organise pas.

Le 25 mars 2018
Mohamed Mezghiche.

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