Sur les élections législatives de Mai 2017
Si un sondage auprès des électeurs devait être fait ces jours-ci concernant les élections de la future assemblée populaire nationale (APN), la majorité se déclarerait non concernée. Pourquoi ce désintérêt se demande-t-on? Les députés élus sont pourtant sensés être les porte parole du peuple. Ils veillent à ce que les préoccupations de leurs électeurs soient prises en charge et des solutions à leurs problèmes soient trouvées. Malheureusement la réalité est autre. Les différentes assemblées qui se sont succédé ont fait comprendre et appris aux citoyens à se méfier de la façade des discours et de voir ce qui se cache derrière. L’expérience leur a ouvert un peu les yeux et ils ont compris que :
– Presque tous les partis dans la course à la députation défendent le même programme politique et le système économique libérale. Ils savent que ce système, à travers le monde, est synonyme d’exploitation pour les travailleurs et des guerres contre les peuples et ils le rejettent. Parmi ces
partis il y a aussi ceux qui n’ont aucun programme autre que celui de prendre le pouvoir. De plus ceux qui boycottent les élections justifient leur décision par des arguments que les citoyens jugent très loin des vraies questions qui les concernent.
– Il est devenu notoire que le poste de député est très prisé. Non pas parce que l’élu est porteur d’un projet pour développer sa région ou engagé à trouver les solutions des problèmes de ceux qui l’ont élu, il n’ y a rien de tout cela. Ce qui le fait courir est avant le salaire mirobolant qu’il touchera. C’est 20 fois le smic et tous les privilèges qui vont avec. Il suffit de lever la main et le tour est joué.
– Le phénomène de la « chkara » n’échappe pas aux citoyens. Les tarifs, pour figurer sur les listes des prétendants à la députation, sont même publiés et rapportés par la presse nationale. Il suffit de voir la contestation des militants des partis pour les listes établies par leur direction pour constater les dégâts de l’entrée de l’argent en politique conjugué à l’absence de démocratie.
Il n’échappe à personne que l’APN est parmi les institutions les plus importantes de l’État. Le pouvoir porte alors une grande responsabilité et doit veiller à maintenir, aux yeux des citoyens, sa crédibilité et aussi celle des autres institutions de l’État. Être crédible signifie surtout mettre fin à la dilapidation des richesses du pays par une minorité et leur demander des comptes, engager des mesures vigoureuses contre la corruption qui gangrène toutes les structures de la société. Ceux qui importe aussi pour la majorité des électeurs c’est de parler de leur pouvoir d’achat qui ne cesse de se dégrader, de la qualité des soins qui reste catastrophique, du chômage, de l’école et de leur sécurité. En un mot l’APN doit être utile au pays et à la majorité des citoyens. L’APN est aujourd’hui loin de jouer son véritable rôle. Elle est perçue par eux comme inutile. Tout ce qui est inutile finit dans les oubliettes et les rebus. Dans ce cas de figure, la question « pourquoi faut-il aller voter? » prend tout son sens.
M.Morsatt