Politique

Annalyse sur la situation Internationale

 

Une première caractéristique de la situation internationale est la multiplication des guerres, militaires et économiques, contre les peuples. Avec la défaite et le démantèlement de l’URSS, le bloc otanien, commandé par les Etats-Unis, a imposé une période historique de guerres, de réaction et de régression pour de nombreux peuples. Couvrant le monde entier de bases militaires, ce bloc impérialiste dispose encore d’une capacité quasi-unique d’ouvrir simultanément et loin de ses frontières plusieurs guerres d’agression directes ou par procuration, d’occupation, de provocations, de sanctions et de déstabilisations, en vue contrôler les zones de ressources ainsi que les voies y menant (maritimes, aériennes et terrestres). Il contrôle aussi l’écrasante majorité des grandes agences, ce qui lui permet d’invisibiliser ses crimes.

Une deuxième caractéristique, en lien avec le déchaînement de la violence impérialiste, est le développement de la contestation et de la résistance des peuples ainsi que de nombreux Etats du « SUD » contre la domination de « l’Occident impérialiste » (y compris les colonies d’Australie et de Nouvelle-Zélande). Cette résistance est d’ailleurs de plus en plus victorieuse tant sur les plans politique et diplomatique que sur les plans militaire et économique comme l’atteste les changements avérés dans l’ordre des contributions étatiques au PIB mondial.  

Ce changement dans l’équilibre mondial des forces (en faveur des Etats dominés et des peuples) doit s’analyser de façon dialectique en termes de processus, avec des facteurs moteurs ou favorables et des contre-tendances. Cela signifie que son irréversibilité reste un objectif des forces révolutionnaires.Pour ces forces, ainsi que la plupart des Etats nationaux, malgré l’orientation capitaliste de la plupart d’entre eux, le seul choix qui reste est de faire front sur la base de l’intérêt commun que représente la défaite de « l’Occident impérialiste ».  

Car il faut bien noter que, à la différence des guerres avant la défaite de l’URSS (opposition socialisme-capitalisme), les guerres actuelles n’opposent pas des Etats à systèmes sociaux-économiques différents. Après les guerres d’Afghanistan, d’Irak, de Lybie et de Syrie (entre autres), elles opposent aujourd’hui des Etats intégrés économiquement dans le système capitaliste, et pour certains d’entre eux, de puissance militaire comparable, et de niveau économique en concurrence avec l’impérialisme hégémonique.

Cela pose la question (valable pour notre pays) de comment définir correctement l’ennemi principal de l’Etat national, base territoriale, sociale et économique de défense, et simultanément, comment travailler à garantir le succès de la lutte contre l’impérialisme en défense.

Sur cette question, la caractérisation de l’impérialisme par Lénine n’a jamais été aussi actuelle : l’impérialisme n’est pas seulement militaire mais d’essence économique. 

Ainsi, malgré la diversité des facteurs déclencheurs, les causes des guerres déclenchées/entretenues par les Etats impérialistes se trouvent dans le fonctionnement même du mode de production capitaliste. 

Leurs monopoles (dont le complexe militaro-industriel américano-européen), dans leur objectif d’appropriation des richesses sociales créées pour réaliser le profit maximum, ne cessent de s’agrandir par concentration du capital (son augmentation dans une même entreprise) et centralisation du capital (fusions et acquisitions d’entreprises). Ce développement tentaculaire a plusieurs conséquences contradictoires :

  • Un développement phénoménal des forces productives et une socialisation toujours plus grande de la production, notamment à l’échelle mondiale (les pays les moins développés concentrent 80% du « travail vivant » dans le secteur industriel : 541 millions de main d’œuvre employée dans l’industrie sur un total mondial de 682 millions selon l’OIT, voir John Smith dans « L’impérialisme au 21ième siècle », Editions Critiques, 2019). 
  • Une stagnation historique de la productivité et des taux de croissance des économies capitalistes en raison de la baisse tendancielle non pas de la masse des profits mais du taux de profit.
  • Une inégalité de développement entre les Etats capitalistes (en raison de la concurrence effrénée entre leurs capitaux nationaux) d’une part, et d’autre part, une entrave aux Etats en recherche de développement et d’émancipation.
  • Une polarisation sociale tant à l’intérieur des pays au capitalisme développé qu’à l’échelle mondiale, c’est-à-dire la division de la population en une majorité de plus en plus pauvre et une minorité de plus en plus riche.

Pour ces raisons, ce mode de production et d’organisation des sociétés s’épuise ainsi dans des crises chroniques et structurelles qu’il ne parvient à juguler qu’en militarisant et en fascisant les rapports mondiaux comme on peut l’observer avec le génocide du peuple palestinien.

Prendre en compte cette dimension essentielle de l’impérialisme signifie que :

  • L’affaiblissement du bloc impérialiste otanien, ennemi principal des peuples et du prolétariat mondial, est un objectif prioritaire. Car il est urgent d’alléger leurs souffrances, d’élargir les capacités (économiques, politiques et militaires) des résistance nationales et internationales, et d’orienter leur mobilisation vers le but stratégique du socialisme.
  • La lutte anti-impérialiste sera de plus en plus efficace et conséquente à mesure qu’elle s’accompagnera d’actions anticapitalistes.

2/ Situation Nationale

La situation nationale est sur déterminée par le contexte international et régional en particulier. 

D’abord, en raison de l’accroissement notable de la possibilité et la coordination d’interventions militaires et économiques au Maghreb en conséquence de la normalisation entre le régime réactionnaire marocain et l’entité sioniste. Car la normalisation signifie d’abord accord et soutien aux projets impérialo-sionistes.

Ensuite, il faut noter que les sept frontières du pays sont en situation de tension élevée en raison des agressions et ingérences impérialistes françaises en particulier qui n’ont pas digéré l’expulsion de leurs bases militaires des Etats du Sahel, alors que les dirigeants successifs de la France n’ont pas enterré le projet de l’OCRS.

Plus largement, il y a à considérer la militarisation croissante des relations internationales (voir situation internationale).

Une autre raison, économique celle-là, tient au fait que l’économie du pays est largement insérée dans le système capitaliste, en particulier via le commerce des hydrocarbures, lequel commerce est structuré par la demande du « Nord » capitaliste, mais aussi en raison des choix de politique économique en vigueur. 

Le danger de guerre est bien réel, et l’Etat, avec sa nature de classe actuelle, défend la souveraineté nationale grâce notamment à une politique juste d’élargissement des capacités de l’ANP. Eviter la guerre et être prêt à défendre le pays (peuple et territoire) est un objectif principal pris en charge par le courant nationaliste et patriotique dominant au sein du pouvoir. C’est aussi une préoccupation largement populaire qui, au-delà des oppositions de classe, traverse même les autres courants « libéraux » au sein et en dehors des institutions en raison d’ailleurs du caractère encore productif de l’histoire de la guerre de libération nationale.

La question qui ne peut être éludée est celle des conditions politiques et économiques à réunir pour garantir le succès durable de la défense de l’Etat national. En d’autres termes, comme analysé dans la situation internationale, il y a nécessité pour les forces patriotiques de ne pas réduire le danger à l’aspect militaire : le danger est aussi dans le domaine économique et politique. Car on ne peut résister et vaincre en optant pour le « libéralisme », ou « l’économie de marché » ou encore la recherche d’un « climat des affaires » aujourd’hui consignée juridiquement dans la Constitution. Au-delà des indicateurs de comptabilité nationale (PIB, Balance des Paiements, nombre de projets), les crédits à l’économie (orientés vers le Privé, notamment dans les secteurs de l’industrie extractive et l’industrie de transformation selon la dernière Note de Conjoncture de la Banque d’Algérie), alertent sur le profil de classe de ces politiques économiques. De même, si faciliter les IDE est une nécessité pour impulser un développement conséquent des forces productives, l’expérience de notre pays ainsi que celle de nombreux autres pays montre qu’ils ne peuvent être rentables pour le pays en l’absence d’un secteur économique d’Etat puissant, protecteur de la production nationale et capable d’absorber le transfert technologique. Pour tous les pays, les conditions de venue des IDE sont les mêmes :   coût du travail faible et compatible avec un profit maximum et une reconstitution du capital investi en temps minimum, liberté d’usage des profits réalisés. C’est-à-dire traire au maximum la vache en la nourrissant au minimum !En outre, les monopoles internationaux déjà présents dans notre pays sont (dans l’ordre des stocks d’IDE) états-uniens, italiens, français, saoudiens, qataris et koweitiens. Ces mêmes monarchies du Golfe qui sont les principaux complices du génocide palestinien. Dans tous les cas, si le développement des forces productives, par des moyens nationaux comme par les IDE, ne s’accompagne pas d’une plus grande place de la propriété sociale étatique, et d’une plus grande place du camp du travail à la fois dans les lieux de production et dans les institutions nationales, les capacités de résistance à l’impérialisme-capitalisme ne pourront qu’être affaiblies. N’est-ce-pas ce qu’enseigne la période des années 70’s caractérisée par un formidable développement des forces productives (dont les effectifs de la classe ouvrière) et son involution dès les années 80’s vers l’affaiblissement du secteur d’Etat et la dislocation front patriotique ?

En observant les forces politiques et sociales en présence sur la scène nationale, on ne peut manquer de relever l’absence d’une expression collective et organisée du camp du travail, syndicale et partisane, indépendante des forces « libérales ». Les dernières lois sur le syndicat ne vont pas dans le sens d’une plus grande intervention des producteurs dans la gestion du pays.  

Pour ne pas conclure :

La défense simultanée de « l’Etat social » et celle de « l’Etat national » ne sont en réalité qu’une seule et même tâche : celle de la souveraineté nationale et populaire. 

KB 19 octobre 2024

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